Si on m’avait dit un jour que j’allais voir l’Himalaya de mes propres yeux et qu’en plus j’allais y faire un trek d’une semaine, je crois que je ne l’aurais pas cru. Mais surtout, si j’avais vu le parcours qui m’attendait avant de partir, je me serais certainement défilée prétextant ne pas être suffisamment sportive ! Comme quoi, le mental joue un rôle primordial dans ce qu’on croit être capable de faire et ce qu’on peut faire réellement. Cet article est donc la preuve que je suis rentrée indemne et que j’ai réussi à accomplir ce défi indirectement lancé par mon compagnon.
Comme je vous le disais dans mon précédant article, ce voyage au Ladakh a soulevé de nombreuses questions notamment sur les capacités physiques nécessaires pour réaliser un trek dans cette partie reculée et sauvage du monde. Car même s’il y a d’autres choses à y faire et que je n’ai d’ailleurs pas passé l’intégralité de mon séjour à marcher dans les montagnes, qu’on se le dise tout de suite, on ne part pas dans l’Himalaya si ce n’est pas pour marcher un peu ! La chaîne de l’Himalaya qui comporte un grand nombre des plus hauts sommets du monde dont l’Everest, s’étire sur 2 400 km de long s’étendant ainsi du Pakistan au Tibet en passant par le Ladakh (en Inde) et le Népal. Nous avons choisi de nous rendre au Ladakh pour y découvrir sa culture, ses paysages et vivre une nouvelle expérience de voyage. La première chose à savoir est que cette destination n’est pas franchement synonyme de vacances, on parle plutôt d' »expérience ». Elle permet certes de se déconnecter de son quotidien, de se ressourcer dans la nature voire de se recentrer sur soi-même, mais certainement pas de se reposer au sens strict.
Vous vous doutez qu’un tel voyage nécessite un minimum de préparation en amont d’autant plus pour réaliser un trek. Pour se faire, nous avons confié l’organisation de notre séjour et notre itinéraire dans les montagnes à Shanti Travel, une agence francophone de voyage sur-mesure basée à Leh la capitale du Ladakh. Après plusieurs échanges par téléphone et par mails avec notre expert voyage, nous avons établi notre circuit de deux semaines en fonction de nos préférences. Je vous propose donc de découvrir la première semaine de notre séjour sur le toit du monde.
Après une agréable acclimatation à l’altitude de deux jours à Nimmu House, le chauffeur de notre 4×4 et notre guide en haute montagne sont venus nous chercher pour rejoindre le point de départ de notre trek situé à environ 2h de route. Nous en avons profité pour visiter quelques monastères en chemin dont j’aurai l’occasion de vous parler dans un prochain article. Une dernière nuit dans un petit hôtel du village de Lamayuru, un dernier check à nos sacs à dos et nous voilà sur la ligne de départ !
Comment faire son sac pour un trek dans l’Himalaya ?
Pour ce voyage, nous avons procédé en deux temps pour réaliser nos bagages. Au départ de Paris, nous avons fait nos valises avec l’ensemble de nos affaires pour deux semaines. Puis une fois sur place, avant de partir dans la nature nous avons sorti deux sacs à dos de nos valises pour y ranger nos affaires de trek. Nos valises contenant les choses dont nous n’avions pas besoin à ce stade de notre séjour : les tenues plus ou moins chaudes pour les visites avec chauffeur et les sorties en ville, sont restées à Nimmu House notre point de chute retour. Nous avons choisi de voyager léger pour plus de praticité mais surtout par respect pour les animaux qui portaient notre campement. Nous partagions un grand sac de randonnée contenant nos affaires de rechange et nos trousses de toilette / pharmacie, ainsi qu’un sac à dos qui nous accompagnait chaque jour pour transporter appareil photo, lunch box et affaires utiles.
La période la plus favorable pour découvrir le Ladakh s’étend à peu près de juin à octobre, on parle de saison estivale cependant gare aux températures ! Je dois dire que j’ai eu beaucoup de mal à constituer ma valise, je savais que même en été une petite laine n’était jamais superflue à la montagne notamment pour le soir, toutefois je n’avais pas prévu que nous aurions de tels changements climatiques au cours de notre trek. Avec l’altitude je vous recommande vivement de privilégier les parkas aux petites laines, et comme je parle en connaissance de cause je vous propose la liste des choses que je portais et que j’avais avec moi pour jouer les aventurières. Dans notre cas, nous n’avions pas à nous soucier du matériel type tentes, provisions, réchaud etc, cela faisait partie de l’encadrement géré par Shanti Travel dont je vous parle un peu plus bas.
Ma panoplie quotidienne pour la marche :
Je portais :
- Une paire de chaussures de randonnée anti-dérapantes légèrement montantes
- Des chaussettes de randonnée
- Un pantalon anti-UV modulable en short étudié pour le trek
- Une chemise / t-shirt anti-UV
- J’ai opté pour des sous-vêtements respirants Uniqlo très confortables
- Une paire de lunettes de soleil
Vous comprendrez que je ne vous propose pas de « looks » dans ce post ! Il vaut mieux avoir une tenue adaptée au trek que plusieurs tenues non étudiées pour les environnements hostiles. Nul besoin de dépenser une fortune surtout si comme moi vous ne faites pas de randonnées à chaque vacances, les produits Décathlon constituent un bon rapport qualité / prix, et même un bon plan puisque les produits qui ne vous conviendraient pas peuvent être retournés jusqu’à plusieurs semaines après leur utilisation. Personnellement, j’étais ravie de me faire rembourser le pantalon qui m’avait irrité la cuisse au niveau de la fermeture, il fallait y penser…
Dans notre sac à dos de marche nous avions chacun :
- Un imperméable pliable
- Un polaire
- Une petite doudoune sans manche
- Un bonnet
- Une casquette
- Une paire de gants
- Un foulard
- Une gourde d’eau
- De la crème solaire (écran total de préférence)
- Un baume à lèvres
Ainsi que :
- Un appareil photo avec deux objectifs
- Une Gopro et son manche
N’emportez / ne portez pas de vêtements trop lourds ni trop chauds cela pourrait entraver votre rythme de marche, le corps se réchauffe naturellement même dans les conditions extrêmes. Lorsque nous avons dû faire face à la grêle et à la neige en passant les cols, polaires et imperméables étaient suffisants. Nous avons été mis à rude épreuve, entre le soleil brulant et les tempêtes de neige en altitude, la peau passe facilement des coups de soleil aux gerçures. N’oubliez pas la crème solaire, le baume à lèvres et éventuellement une crème hydratante pour les mains, les miennes avaient doublé de volume !
Nos essentiels au campement :
Dans notre grand sac à dos nous avions chacun :
- Un top chauffant type sous-pull adapté aux sports d’hiver (le mien vient de chez Uniqlo)
- Un legging chauffant type sous-pantalon adapté aux sports d’hiver
- Des pulls
- Une parka bien chaude
- Des moufles
- Une lampe frontale
- Une paire de tongs
- Une serviette microfibre compacte
- Un pyjama chaud
Une fois la journée de marche terminée, la température du corps redescend et selon l’emplacement du campement le froid accompagné de vent parfois violents surviennent très vite. Il est essentiel de se couvrir chaudement pour profiter du décor dans les meilleures conditions.
Dans notre trousse de toilette :
- Brosses à dents manuels
- Dentifrice naturel
- Lingettes nettoyantes biodégradables
- Crème hydratante visage / corps
- Shampoing solide naturel
- Savon naturel
- papier toilette biodégradable
- Une brosse à cheveux
Même si vous ne sortez jamais sans mascara, pour une fois il faudra faire exception ! On évite de prendre des choses inutiles et surtout on prend uniquement des produits 100% NATURELS. Pour faire sa toilette, il faudra se contenter de bassines d’eau chauffée provenant de la montagne ou au mieux d’un court d’eau gelé en guise de baignoire. Comme tous les produits que vous utiliserez seront directement en contact avec la nature et resteront après votre passage, il est primordial de ne rien utiliser de chimique. Nous avons trouvé tous ce dont nous avions besoin pour notre voyage au magasin bio, toutefois vérifiez bien les étiquettes pour être certains de la compositions des produits. Concernant les produits biodégradables, comme les lingettes qui peuvent vous sauver la vie si vous avez trop froid pour faire trempette, il est préférable de les remporter dans un sac réutilisable plutôt que de les laisser sur place. Être au cœur de la nature la plus pure n’a pas de prix, contemplez et savourez cette beauté sans y toucher !
Dans notre trousse à pharmacie :
Sachant que notre guide possédait déjà un kit de premiers secours, nous avons opté pour les classiques : Doliprane, Spasfon, sérum physiologique, antiseptique, pansements etc. Pour prévenir tout risque de troubles intestinaux durant notre périple et sur les conseils avisés de ma pharmacienne, nous avons également emporté une cure de pro biotiques (Lactibiane voyage) commencée avant notre départ. Je vous recommande de faire de même en particulier lorsque vous voyagez en Inde, mieux vaut renforcer sa flore intestinale que d’attraper quelque chose de difficile à stopper qui gâcherait votre découverte, comme la plupart des maux sont d’origine bactériologiques mieux vaut prévenir que guérir.
L’organisation de notre trek dans l’Himalaya avec Shanti Travel
Je ne vous cache pas que cette expérience à un certain coût. Même si les mots trek ou encore camping peuvent évoquer un voyage cheap voire roots, je vous arrête tout de suite, concernant l’Himalaya il s’agit de haut de gamme. Pour comparaison, je peux vous dire que notre budget de l’Himalaya talonne celui de notre voyage au Japon ! Il est vrai que la prestation d’une agence est onéreuse, mais elle assure aussi une tranquillité d’esprit tout au long du séjour qui n’est pas négligeable. De plus, l’organisation d’un tel trek nécessite du matériel, du personnel qualifié et de l’encadrement, sans parler des emplacements de campements qui à ma grande surprise sont régis par les collectivités locales bien qu’en pleine nature. Le camping sauvage est interdit et est donc à vos risques et périls ! Il existe des parcours de trek prédéfinis mais vous ne trouverez aucun aménagement ni balise, et les panneaux restent rares. De plus, il arrive fréquemment que les parcours subissent des modifications d’une saison à l’autre (éboulement de terrain, passage d’un cour d’eau suite à la fonte des glaces etc.), d’où la nécessité d’être avec un professionnel qui saura aviser en conséquence ou alors d’être soi-même un alpiniste confirmé. Shanti Travel a réalisé notre parcours en fonction de notre niveau et de ce que nous souhaitions voir en chemin : paysages, villages ou encore animaux. Notre feuille de route communiquée avant notre départ indiquait « niveau moyen », ce qui après expérience relèverait d’avantage d’un niveau expert selon mon baromètre de la baroudeuse ! Mais je vous propose de découvrir le détail de l’organisation de notre trek au Ladakh avant de vous faire part de ma conclusion personnelle.
Pour notre semaine de marche nous étions accompagnés par un guide local anglophone qui nous guidait et assurait notre sécurité durant nos 7 à 8 heures de marche quotidienne et bien au-delà, d’un cuisinier (également guide en haute montagne) népalais anglophone qui nous préparait de délicieux petit-déjeuner, déjeuners à emporter et diners chaque jour, ainsi que d’un cavalier avec ses 4 chevaux et son âne qui portaient l’ensemble du campement.
Organisation d’une journée de randonnée type :
Nos journées de marche étaient rythmées par notre guide qui nous indiquait en fonction de notre parcours l’heure de lever et de coucher. Généralement, nous sortions entre 7h et 8h de notre tente pour découvrir un thé fumant sur un plateau et deux bassines d’eau chaude pour faire notre toilette. Ensuite nous allions dans la « tente cuisine » où nous nous installions sur une cantine en métal servant de table pour prendre notre petit déjeuner, à l’intérieur ou à l’extérieur selon la météo. Étant le repas le plus important de la journée nous avions droit à un festin que notre guide veillait à nous voir terminer. Des crêpes, du porridge, des œufs, des céréales etc., un petit déjeuner digne d’un hôtel pour la journée sportive qui se profilait.
Le Ladakh porte bien son nom de « pays des cols », nous en franchissions un différent chaque jour avec son lot de difficultés et ses panoramas extraordinaires. A mesure que nous avancions, les villages se faisaient de plus en plus rares et nous nous engouffrions dans une nature éblouissante parfois même surprenante avec des paysages lunaires. Notre guide qui ouvrait la marche nous aidait à contrôler notre respiration en fonction de l’effort physique et de l’altitude, nous indiquait quand boire et faire des pauses mais surtout il nous motivait devant les obstacles qui (me) semblaient infranchissables.
Tandis que notre journée de marche commençait, le cuisinier et le cavalier s’occupaient de ranger le campement pour nous dépasser plus tard sur notre parcours ou sur un itinéraire parallèle afin de préparer le prochain avant notre arrivée. Avec leur expérience de la montagne, ils pouvaient réaliser nos parcours de 8h en seulement 4h ! Bien que l’utilisation d’animaux peut paraître rédhibitoire, elle est nécessaire pour acheminer le matériel d’un campement à l’autre sur les chemins escarpés de montagne. Avec environ 30 kg chacun sur le dos, les chevaux n’ont pas à supporter plus que nécessaire, c’est pourquoi il est important de voyager léger comme indiqué plus haut et de ne pas emporter de valises. Tout le matériel pour camper dans les meilleures conditions est géré de A à Z, nous avions même une tente toilette pour plus d’intimité ! Il est possible de prendre son propre sac de couchage mais vous pouvez aussi prendre l’option contre un petit supplément, les matelas eux sont inclus avec le reste.
Je ne vous cache pas que certaines journées étaient plus difficiles que d’autres, mais les efforts ont toujours été récompensés : par des paysages extraordinaires, de magnifiques animaux sauvages (des Yacks, des Grands Bharal…) ou encore par des relations humaines enrichissantes. Je crois qu’il est temps de partager mon ressenti sur cette expérience avant que cet article ne devienne beaucoup trop long.
Ma conclusion sur cette expérience de voyage
Nous avons parcouru 63 km de Lamayuru à Chilling avec une altitude maximum : 4948m et un dénivelé : +3131m / -3305m. Au cours de notre trek nous avons marché sur de la terre verte, rouge, noire, violette et même turquoise, nous avons touché des roches semblables à des joyaux, nous avons vu de splendides animaux dans leur habitat naturel, des villageois souriants au mode de vie aux antipodes du nôtre, contemplé des paysages presque irréels mais nous avons aussi appris de cette expérience. Ça fait certainement un peu cliché, mais lorsqu’on vit en ville la nature fait de moins en moins partie de notre quotidien, ajoutez à cela un travail prenant voire stressant dans mon cas et vous obtiendrez des journées relativement monotones. Cette expérience permet de prendre conscience de bien des choses et de respirer au sens propre et figuré du terme. On constate que la nature a encore ses droits dans d’autres parties du monde et ça fait un bien fou ! Plus personnellement, j’ai découvert que même si je ne suis pas une personne sportive, étant en bonne santé je suis capable de sortir de ma zone de confort et de me surpasser physiquement. Après le trek, notre expert voyage Shanti Travel nous a demandé nos impressions, j’étais obligée de lui dire que ce ne fût pas facile tous les jours, pourtant je n’ai ressenti aucune douleur physique ni rencontré de réelles difficultés. Il m’a alors répondu qu’un trek plus facile ne m’aurait pas permis de voir ce que j’ai pu voir. Encore une fois le mental joue un rôle fondamental, je n’aurais certainement pas organisé mon parcours de la même façon toute seule, c’est pourquoi je dois dire merci Shanti Travel de m’avoir créé un voyage bien au delà du sur mesure !
Pour ce qui est de l’encadrement, nous ne pouvions pas pu rêver mieux. J’ai été bluffée par l’efficacité et frappée par la gentillesse de l’équipe qui nous accompagnait. Notre guide a fait bien plus que nous guider, il a su nous challenger et nous recentrer sur l’essentiel, il nous a inculqué une vraie leçon de vie. Quant à l’adorable cuisinier qui nous a donné envie de découvrir le Népal, il nous préparait des repas complets avec des plats locaux ou occidentaux et même des desserts. Pour notre dernière soirée nous avons eu droit à un gâteau au chocolat, j’ai eu beau l’interroger sur la prouesse de réaliser un gâteau sans four dans une tente, le secret restera bien gardé… Chaque soir nous nous retrouvions autour d’un repas comme de bons amis pour échanger sur l’itinéraire du jour, nos coutumes ou encore nos passions (notre guide est d’ailleurs un excellent photographe). Des moments inoubliables avec des personnes d’exception qui participent à l’expérience hors du commun que nous avons vécu. Pour conclure, même si j’étais un peu réticente au début, je ne regrette en aucun cas ce voyage qui fait du bien (même si j’ai eu besoin de vraies vacances après) ! A très vite pour la suite XOXO