En arrivant à Marrakech je me suis immédiatement plongée dans l’effervescence de la Médina, ce quartier authentique qui cache des passages secrets, des savoir-faire uniques, des commerçants hors pairs et même des oasis extraordinaires ! C’est incontestablement ici que la ville bat son plein et que je vous recommande de poser vos valises. Dans ce nouvel article je vous propose de découvrir quelques conseils et bonnes adresses afin de profiter au mieux de ce lieu haut en couleur.
Avant de nous aventurer plus profondément dans les souks, je vous recommande de respecter quelques règles de bonne conduite qui vous éviteront d’éventuels désagréments. Il y a les règles élémentaires comme d’éviter de porter des tenues un peu trop légères malgré la chaleur du climat ou encore de se conduire de manière inappropriée face aux croyances locales, puis il y a les règles ou coutumes propres au souk. La première est d’éviter de suivre une personne qui propose de vous guider dans ce dédale de ruelles labyrinthique, dans la plupart des cas elle vous guidera surtout vers une arnaque, le mieux est de refuser poliment en prétextant un programme serré. Néanmoins n’hésitez pas à demander votre chemin si vous êtes perdu, toutefois refusez systématiquement d’être escorté car le coup de main ne sera certainement pas gratuit. Comme dans de nombreux pays qui pratiquent la négociation sur les marchés, ne vous rétractez jamais après avoir accepté une offre, c’est très mal vu et cela peut vous attirer des ennuis. Ne refusez pas le thé à la menthe lorsqu’un commerçant vous le propose, même si la vente n’est pas couronnée de succès cela fait partie de l’hospitalité marocaine. Enfin soyez vigilant tout en restant avenant, tout le monde n’a pas une idée derrière la tête en venant vous parler c’est d’ailleurs ce qui fait le charme de la vieille ville !
Les Souks centraux
J’ai une petite confession à vous faire au sujet de ce voyage au Maroc en famille, en plus de vouloir visiter j’avais une autre idée derrière la tête, celle de faire du shopping ! En même temps je venais tout juste de poser mes cartons dans mon nouvel appartement, alors vous imaginez bien qu’en me rendant au paradis du tapis et de la vannerie je comptais assouvir quelques envies de décoration d’intérieur. Pour être tout à fait honnête, trouver le ou les tapis parfaits pour mon nouveau cocon était presque devenu une obsession. À tel point qu’arrivée dans le souk j’en ai oublié l’une des règles énoncées plus haut, j’ai suivi un marocain qui par je ne sais quel pouvoir psychique (ils sont très doués pour trouver vos failles shopping) a su que j’étais atteinte de fièvre acheteuse…
Ce qui m’a semblé être une terrible erreur au départ s’est avérée en fin de compte une belle découverte, comme quoi il faut parfois suivre son instinct. C’est en début de matinée, lorsque le soleil ne chauffe ou plutôt ne brûle pas encore et que les souks commencent doucement à s’animer, que je suis tombée sur un charmant commerçant qui m’a parlé du souk des teinturiers. Il faut savoir que chaque partie de ce marché géant qu’on appelle « souk » qui s’étend du nord de la place Jemaa el-Fna au sud-ouest du musée de Marrakech, se divise en plusieurs sections ou souks qui comportent chacun une spécialité artisanale : le travail du cuir, du cuivre, de la laine etc. C’est donc dans ce joyeux bazar organisé que ce charmant monsieur m’a proposé de découvrir l’endroit où la laine en provenance directe des montagnes de l’Atlas est traitée pour arborer de jolies couleurs (et ainsi faire de beaux tapis selon la logique mon cerveau !). Je dois dire que la balade était plutôt agréable, en période de Ramadan il n’y a pas foule et les commerçants sont plus calmes et moins insistants que d’habitude, sans doute pour économiser leur énergie jusqu’au coucher du soleil. J’ai donc pu visiter différents endroits, car évidemment après le souk des teinturiers il fallait me montrer les étoffes, les épices et j’en passe, ceci dit je n’aurais certainement pas pu en voir et en apprendre autant seule. Mais comme la visite commençait à s’éterniser, j’ai fini pas lui proposé d’en rester là et naturellement de lui donner un pourboire pour la balade. C’est alors qu’après avoir refusé amicalement il énonça le mot magique : tapis berbères. Vous imaginez bien qu’il n’était plus question que nos chemins se séparent avant qu’il me donne ses bonnes adresses !
Comment choisir son tapis marocain ?
Chaque tapis est unique et raconte une histoire. Dans la culture berbère, il sert aux nomades de couchage, de protection contre les intempéries et même de sac pour replier plus aisément un campement. C’est à la femme qu’incombe la tâche de réaliser le tapis, cela peut lui prendre des semaines voire des mois selon l’envergure du travail et le temps qu’elle y consacre en parallèle de ses différentes tâches quotidiennes et ménagères. C’est un savoir-faire qui se transmet traditionnellement de mère en fille.
Choisir son tapis n’est pas une mince affaire, il en existe une quantité absolument gigantesque pour ne pas dire excessive, avec des boutiques à ne plus savoir où donner de la tête et une variété de style très diversifiée rien qu’au Maroc, sans parler des prix variables selon des facteurs qui nous échappent totalement. Bref, je voulais un tapis mais pas à n’importe quel prix et surtout un tapis authentique de bonne facture, sinon autant mieux le commander sur La Redoute. Je vous propose donc un tour d’horizon de ce qui se fait en matière de tapis à Marrakech ainsi qu’un mini guide validé par les connaisseurs pour bien choisir le vôtre.
- Tapis de Rabat : épais avec un motif central travaillé – Compter 2000 Dh (180 €) le m2
- Tapis de Chichaoua : simple, souvent de couleur rouge agrémenté de zigzags et autres symboles berbères – Compter entre 700 et 1000 Dh (60 – 90 €) le m2
- Tapis Kilims : sans poils avec des symboles ou lettres berbères – Compter entre 700 et 900 Dh (60 – 80 €) le m2
- Tapis Glaoua ou Zanafi : mélange de Kilims et de poils longs – Compter entre 1000 et 1750 Dh (90 – 150 €) le m2
- Tapis Shedwi : plat, en laine arborant des formes noires sur fond blanc – Compter 400 Dh (30 €) le m2
- À Marrakech il est rare de tomber sur un tapis made in China, vous pouvez être quasiment certain qu’il s’agit d’un produit local. Toutefois assurez-vous d’acquérir votre tapis dans une coopérative, cela vous garantira qu’une femme marocaine l’a fait dans les règles de l’art et a été correctement rémunérée pour son travail.
- Les matériaux utilisés sont la laine de mouton et de dromadaire. Un tapis berbère en laine de mouton de bonne qualité ne doit pas sentir fort. En effet il doit être réalisé avec de la laine provenant d’un animal vivant qui a été tondu et non un animal mort dont la peau a été récupérée. C’est un gage de qualité et surtout plus respectueux des animaux.
- Les franges de finition du tapis doivent comporter des noeuds, ce qui prouvent qu’il a bien été réalisé à la main et non à la machine.
- Si le tapis comporte des dessins, des bordures, il doit être « lisible » recto verso. Si en le retournant le travail est aussi beau d’un côté que de l’autre c’est sans aucun doute un tapis réalisé artisanalement, en plus ça fait deux tapis pour le prix d’un !
- Plus un tapis est ancien, plus il vaut cher, toutefois il est difficile de reconnaître un tapis vintage sans être un fin connaisseur. Vous pouvez vous repérer au fait qu’il ne soit pas tout à fait régulier dans sa forme mais si vous avez un doute ne vous lancez pas dans cette aventure.
- N’hésitez pas à marcher pieds nus sur les tapis pour mieux vous rendre compte de la qualité des matières, c’est même recommandé !
Bonne adresse tapis :
Dar Mejbar
N°24 rue Assoual, Médina Amssaffah
Je me suis donc laissée guider jusqu’à cette incroyable boutique qui semblait plus que bien fournie en choix étant donné ses innombrables piles de tapis rangés sur plusieurs niveaux. « La cérémonie du tapis » se présente alors de la façon suivante : un thé à la menthe est servi sur un confortable canapé oriental d’où le vendeur ou plutôt le « chef d’orchestre » demande le type et la taille du tapis recherché, deux personnes voire plus en blouse grise s’activent ensuite pour trouver de quoi satisfaire le client en fonction de ses critères. J’ai ainsi pu faire ma petite sélection avant de l’affiner jusqu’à mon choix final. Vous imaginez que celui-ci fut cornélien car les tapis marocains sont tous plus beaux les uns que les autres. C’est à ce stade que le jeu devient sérieux puisqu’une fois le bonheur trouvé il faut lui donner un prix. Chaque tapis est marqué d’une étiquette comportant le prénom de la femme qui l’a confectionné ainsi que son prix d’appel. Bien souvent le vendeur jouera sur vos coups de coeur pour créer le besoin et ainsi faire un prix de gros, après tout on a jamais assez de tapis chez soi ! Je suis donc repartie avec trois tapis au lieu des deux initialement prévus. Une fois les tapis réglés et la facture récupérée, ces derniers sont envoyés à votre hôtel ou expédiés directement chez vous s’ils sont volumineux, à vous dans ce cas d’inclure les frais de port dans la négociation.
Je dois avouer que de retour dans ma chambre après cette folle journée, j’ai commencé à douter et à regretter ma précipitation. Et si j’avais été manipulée par ce fameux marocain qui avait d’ailleurs disparu ? Je suis beaucoup plus habituée à faire du marchandage en Asie qu’en Afrique où les stratagèmes n’ont rien à voir. Heureusement j’ai pu en discuter avec l’adorable manager du riad où je séjournais qui m’a présenté le spécialiste du souk qui officie dans l’établissement pour conseiller au mieux les touristes sur les endroits à éviter et à fréquenter. Comme je vous le disais plus haut le hasard fait parfois bien les choses puisqu’il s’est avéré qu’il s’agissait bien d’une coopérative sérieuse connue pour collaborer avec de nombreux décorateurs d’intérieurs internationaux et qu’elle fournissait même le riad. On peut dire que j’ai eu de la chance ou du flaire je ne sais pas trop, j’en garde un bon souvenir et quelques conseils pour vous :
- Demandez d’abord conseils à votre hôtel si vous avez une idée précise de ce que vous souhaitez acheter,
- faites d’abord un repérage pour éviter les regrets face à la multitude de modèle,
- allez dans des endroits qui vous inspirent confiance,
- ne vous sentez pas obligé d’acheter,
- exigez une facture pour vos achats onéreux,
- et surtout n’ayez pas peur de suivre votre instinct.
Pour l’épilogue vous vous demandez certainement ce qu’est devenue la personne qui m’a guidé jusque là, et bien j’ai posé la question au spécialiste qui m’a répondu qu’il avait certainement touché une commission pour avoir indiqué la boutique car c’est ainsi que fonctionne le souk. Le plus amusant c’est que j’ai eu l’occasion de le recroiser faisant ses courses, il n’a pas hésité à venir me saluer chaleureusement. Une nouvelle expérience de voyage, chaque pays a décidément son fonctionnement et ses mystères !
Bonnes adresses vannerie :
Lakhouil Basketry
Souk elkbir, ckairia N°266 – Marrakech
Moroccan Basket
Derb Dabachi N°27 Foundok Beladen – Marrakech
Devenue une véritable tendance en Europe ces dernières années, la vannerie est l’une de mes faiblesses shopping depuis mon expatriation à Bali. Les petits paniers indonésiens remportent un succès qui ne cesse de m’amuser, pour preuve j’ai même été arrêtée dans le souk par un commerçant curieux de connaitre la provenance de mon petit sac rond que les touristes réclament. Pourtant côté paniers les marocains ne sont pas en reste car ils proposent eux aussi une large gamme à laquelle il est difficile de résister ! J’ai donc fait l’acquisition de quelques modèles aussi bien pour mon intérieur que pour agrémenter mes tenues d’été (dans la mesure de ce que ma valise pouvait contenir). Comme pour les tapis ce sont des produits manufacturés localement, mais si vous cherchez de bonnes adresses je vous recommande celles énoncées ci-dessus où j’ai pu trouver un grand choix de pièces de bonne qualité.
La Place des Épices
Sympathique et photogénique, La place des Épices est un passage obligé lors de la visite des souks. Pour la trouver il suffit de suivre le Café des Épices indiqué sur les panneaux situés en haut des porches d’entrée, c’est aussi là que vous trouverez le nom des rues. Et comme le surnom de la place Rahba Kedima le laisse deviner, une odeur d’épices flotte dans l’air. On vous en proposera d’ailleurs une large sélection qui personnellement ne m’a pas séduit contrairement aux différents étals de vannerie disposés au centre de la place, l’endroit idéal pour trouver quelques petits souvenirs supplémentaires. C’est aussi le lieu rêvé pour faire une pause bien méritée après des heures de shopping dans le souk. Je vous recommande vivement les terrasses des adresses ci-dessous pour vous restaurer en journée ou en soirée. J’ai pu contempler la vue sur les toits de Marrakech de jour au Café des épices accompagné d’un délicieux déjeuner et profiter de l’ambiance du soir chez Nomad autour d’un fameux dîner, deux façons de voir le souk et d’en apprécier l’atmosphère.
Bonnes adresses restaurants :
Café des Épices
place Rahba Kedima
Nomad
1 derb Arjan
Jemaa El Fna
Sur cette place simplement surnommée El Fna (la place) par les marrakchis l’agitation est à son comble de jour comme de nuit. À deux pas des souks on y peaufine son shopping, on y regarde un spectacle de saltimbanques ou on y mange les spécialités locales sur l’un de ses nombreux stands de street food ; attention toutefois aux jus de fruits frais qui bien qu’alléchants sont mélangés avec de l’eau du robinet (non potable). Néanmoins je dois dire que je n’ai pas apprécié la place Jemaa que j’ai trouvé beaucoup trop touristique, sans grand intérêt architectural et déplaisante pour ses spectacles exploitant les animaux sauvages. Des singes enchaînés contraints d’exécuter des cabrioles et des serpents aux bouches cousus abêtis par les chants incessants des flûtes, c’est tout ce que je déteste découvrir lorsque je voyage et comme ce fut le cas dans mes articles sur mon voyage en Inde, je vous encourage à ne pas participer à ce genre de spectacle. Attention également aux femmes qui viennent vous faire la conversation pour vous mettre du henné à votre insu et ainsi vous faire payer la prestation.
Le Musée de Marrakech
Lors de mon séjour bon nombre de sites historiques étaient fermés pour restauration, je n’ai entre autres pas pu visiter la Médersa Ali Ben Youssef. Cependant j’ai pu me rabattre sur le Musée de Marrakech situé juste à côté. Un ancien palais qui servit de résidence à un ministre puis à un pacha avant de devenir une école et désormais un musée. Une histoire étonnante que sa succession de salles et de cours raconte. Attardez-vous dans le patio intérieur couvert qui est surmonté par une incroyable lampe en cuivre, les céramiques et boiseries valent également le coup d’oeil.
Bonne adresse pâtisserie :
La Pâtisserie des Princes
32 rue de Bab Agnaou
Le Jardin Secret
À l’écart des souks, cet ancien riad ayant appartenu autrefois à un puissant chef local du XIXe siècle à pu renaître de ses cendres après un gigantesque chantier de plusieurs années. En pénétrant dans cette oasis reposant caché dans les rues de la Médina on est loin d’imaginer que récemment encore ce superbe palais entouré d’une végétation luxuriante n’était qu’un vaste chant de ruines à l’abandon. Deux tickets d’entrée sont proposés : celui pour flâner dans le jardin et découvrir les expositions retraçant la restauration du site, ou le combiné avec l’accès à la tour surplombant le souk. Pour se restaurer à proximité et rester dans le thème je vous recommande Le Jardin, une très bonne adresse pour déjeuner dans un cadre paisible et agréable. Sinon je vous conseille La Terrasse des Épices, une autre adresse sur les toits du souk testée et approuvée.
Bonnes adresses restaurants :
Le Jardin
32 derb Sidi Abdelaziz
Terrasse des Épices
15 souk Cherifia
Bonne adresse riad
Riad Lamzia
Quartier Dabachi Derb El Hajra N11
Après mon séjour dans le désert d’Agafay, j’ai eu l’occasion de repasser quelques jours à Marrakech avant de rentrer à Paris. Je vous parlerai du riad que j’avais choisi pour la plus grande partie de mon séjour dans mon prochain article, pour l’instant je vous présente l’adresse de la fin de mon voyage que j’ai choisi sur place et que j’ai également apprécié. Idéalement situé pour rattraper Jemaa el Fna, le riad Lamzia propose un excellent rapport qualité prix avec son copieux petit déjeuner inclus et son ambiance contemporaine jeune et raffinée. Il bénéficie aussi d’une superbe terrasse panoramique pour profiter du coucher du soleil au calme. Une bonne adresse qui satisfera aussi bien un court qu’un long séjour à Marrakech.