Il y a tout juste un an, je rentrais en France après avoir vécu à l’autre bout du monde. J’ai souvent tenté de dresser un bilan de mon expatriation sans vraiment y parvenir. En 2016, après avoir pesé le pour et le contre (et m’être torturée l’esprit), je quittais mon appartement parisien du 2ème arrondissement pour m’expatrier sur l’île de Bali. Je connaissais déjà l’Asie et son mode de vie aux antipodes du nôtre avec ses avantages et ses inconvénients, consciente que visiter un pays et y vivre sont deux choses foncièrement différentes je quittais Paris sereinement sachant pertinemment qu’il ne s’agissait pas d’un adieu mais plutôt d’une sorte de break avec la France à durée encore indéterminée qui me ferait le plus grand bien.
Je dois dire qu’encore aujourd’hui j’ai beaucoup de mal à poser une conclusion sur ces deux années d’expatriation, la preuve il m’aura fallu un an pour faire le point sur le blog et mettre à plat mes souvenirs ainsi que mon ressenti. Cette période qui m’a semblé durer une éternité est finalement passée en un claquement de doigts, de même pour les aspects positifs et négatifs de mon expérience qui avec le recul semblent très nuancés. Bien-sûr dans la vie rien n’est tout blanc ou tout noir mais si je devais qualifier ce que j’ai vécu en un seul mot je parlerais d’ « épreuve » aussi bien au sens strict que large du terme, et comme dans toutes les épreuves je n’en sors pas tout à fait indemne. Je commence à faire la paix avec moi-même et surtout à ne rien regretter car je dois avouer que j’ai passé cette dernière année dans la nostalgie, à me demander quelles étaient les véritables raisons de mon retour. Finalement, me réintégrer dans mon ancien mode de vie, dans mon propre pays a été plus difficile que la construction d’une nouvelle vie à l’autre bout du monde. Cette expérience m’a fait changer et évoluer à tous les niveaux, j’ai même ouvert les yeux sur certains points de mon « ancienne » vie que je n’aurais jamais contesté auparavant. Ma consommation en générale, ma façon de voir mon environnement et même les personnes qui m’entourent, tout me semble différent ou plutôt je suis différente, comme s’il avait fallu que je parte pour me rendre compte que ma vie d’avant n’est peut-être pas / plus celle qui me convient.
Je vais vous épargner mon introspection personnelle et répondre de façon plus pragmatique à la question que vous m’avez régulièrement posé : pourquoi avoir quitté Bali et cette vie de rêve qui ressemble à de perpétuelles vacances ?
A notre arrivée nous savions que notre installation ne serait pas de tout repos, mais j’ai dû faire face à des situations éprouvantes qui ont rapidement ébranlé mon moral (un problème de santé diagnostiqué avant mon départ, la recherche de notre villa ou encore l’adaptation au climat). Une fois la première étape franchie, le bonheur fût de courte durée car très vite j’ai ressenti la solitude liée notamment à ma condition de free-lance. Le contact quotidien avec des collègues, les opérations et soirées pour mon blog ou encore les simples sorties entre amis, sont autant de choses qui me manquaient terriblement. Etant pourtant d’un naturel solitaire (avec des penchants casaniers), je ne pensais pas que me retrouver quasi seule à l’étranger me toucherait autant. Je me sentais frustrée d’être loin de tout, de passer à côté de certaines opportunités et que les nouvelles de mes proches se fassent de plus en plus rares, on peut dire que j’ai ressenti le fameux proverbe « loin des yeux, loin du coeur »…
J’ai bien-sûr pu compter sur mon compagnon qui était d’un soutien sans faille, toutefois contrairement à lui qui s’épanouissait dans son nouveau poste, ma vie professionnelle n’était pas la hauteur de mes espérances ce qui a amplifié mon sentiment de mise à l’écart. Il partait dans le cadre de son travail avec visa et encadrement, tandis que j’ai dû faire des démarches administratives régulières et découvrir sans mise en garde préalable que trouver un emploi sur place s’avérait mission impossible. Au bout d’un an j’étais déjà lassée de mon quotidien fait de balades sur la plage, de restaurants healthy joliment décorés et de ma cage dorée dans laquelle je passais le plus clair de mon temps. Je ne me sentais pas en adéquation avec ce mode de vie insulaire et malgré de nombreux voyages et week-ends ici et là, j’avais l’impression de tourner en rond lorsque je n’étais pas en vadrouille. Pour être honnête, vivre à Bali sans but professionnel et surtout sans être passionnée de Yoga ou de surf n’a pas grand intérêt.
Et puis est venue l’épreuve ultime et décisive, j’ai eu un accident de scooter comme il en arrive chaque seconde en Indonésie suivi d’une complication de ma blessure au genoux. Ce fût le point finale à ma tentative d’adaptation, je crois que c’est ce qui m’a convaincu que je n’étais pas à ma place à Bali. A la fin de cette sombre période, j’étais déterminée à rentrer chez moi pour retrouver ma « vie normale ». Mon compagnon m’a alors persuadé de voyager encore dans ce coin du monde avant de rentrer, avec l’accord de son entreprise il est devenu digital nomad et nous avons passé 6 merveilleux mois en Australie et en Nouvelle-Zélande avant de rentrer (j’ai dû le calmer car il voulait faire un tour du monde !), fin de l’aventure expats / aventuriers.
Je précise que je donne une explication à mon départ de Bali donc le négatif est forcément mis en avant. Les bons moments, les belles rencontres, les fabuleux voyages et le plaisir de vivre dans une superbe villa avec la personne qui à cette même période m’a demandé en mariage ne sont pas à négliger ! Je ne suis pas à plaindre, je ne suis pas partie à n’importe quel prix et je suis reconnaissante d’avoir pu vivre une expérience aussi incroyable grâce à mon compagnon qui m’a assuré un certain confort quotidien.
Dès mon retour en France en 2018, j’ai commencé à regretter, à me dire que j’aurais dû plus relativiser, essayer de voir ce que m’offrait cette nouvelle vie et arrêter de vouloir reproduire ma vie parisienne métro, boulot, dodo. C’était ce qui me manquait au final : des transports pour me déplacer facilement, un travail structuré et mes petites affaires chez moi. J’avais la chance d’avoir un cadre de vie agréable, des paysages quotidiens dépaysants, d’être au contact de locaux d’une gentillesse sans pareil et de voyager en Asie régulièrement. J’ai longtemps eu l’impression d’être rentrée trop tôt et de ne pas avoir laissé sa chance à Bali, mais prendre une décision avec du recul sur des événements passés est sans doute plus facile et raisonnée qu’avec le sentiment qui nous guide dans l’immédiateté. En 2019, J’ai suffisamment confronté mon vécu avec d’autres personnes dans le même cas pour ne plus regretter ma décision, je pense que je pourrais revivre une expatriation sans commettre les mêmes erreurs et pas à Bali bien qu’une partie de moi y soit restée…
J’espère que vous comprendrez un peu mieux les raisons qui m’ont poussé à rentrer, bien que les photos IG de mon quotidien à Bali qui illustrent ce post donnent des envies de tout quitter ! Et si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à découvrir la vidéo de la blogueuse australienne Elsa’s Wholesome Life dont l’expérience correspond parfaitement à mon ressenti. Comme vous avez été nombreux à me demander conseils pour votre voyage ou expatriation à Bali, je vous prépare aussi un article pour vous aider au mieux dans vos préparatifs pour partir. A très vite XOXO